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René Collienne expose à la galerie de Wégimont du 27 mars au 18 avril 2004
Ce n'est qu'après plusieurs esquisses figuratives d'un paysage que René Collienne le transpose en couleurs abstraites, pour mieux le célébrer.
Abstrait ? Ne nous hâtons pas de coller péremptoirement à René Collienne cette étiquette. En parcourant son exposition, attendons que le tourbillon des couleurs se décante.
Du foisonnement des couleurs, nous verrons alors surgir un autre, celui de troncs, de branches, d'herbes et de feuilles.
Nous pourrons même deviner le triangle de boiles, l'esquisse de coques et de mâtures.
C'est que René Collienne est partagé entre deux passions égale ment exigeantes, celle de la nature et celle de la couleur. Il commence un tableau sur le motif, comme n'impose quel paysagiste, impatient de peindre ce qu'il voit dans sa vérité première. Mais pour magnifie: le paysage, il lui faut des couleurs si éclatantes que seule, une imagination en fièvre peut les enfanter. Nous pourrions dire, sans chercher le paradoxe, que c'est par amour de la nature qu'il la trahit.
Les couleurs chaudes prédominent, rouge, jaune, orange, au détriment du vert ce qui pourrait étonner dans des paysages. Couleurs d'automne, nous dira-t-il. Et c'est vrai que cette saison est particulièrement chère à l'artiste pour la chaleur de ses tons. Mais ce passionné de la vie, d'un optimisme inébranlable, pourrait nous faire la réponse que Gauguin opposait un jour à un détracteur : "J'ai peint cet arbre rouge parce que ma joie est rouge".
Admirateur des grands gestuels, comme Pollock, il se méfie quant à lui du geste jailli du pur instinct. Dans le mûrissement de ses toiles, il y a la lenteur d'une célébration. Ses rires passent par l'huile, le pastel, la gouache, l'encre de Chine, et même le collage. Autour de papiers arborant un ton pur, d'une forme précisée, il aime organiser sans hâte la fête de ses orchestrations plastiques.
Jacques Henrard, extraits
Wégimont Culture-Mars 2004-n°193
Jacques Henrard - 18/04/2004 16:38:00
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